2008 : Lancement d’un site pour défendre le statut de l’AFP

27 novembre 2008 | Militantisme

This article in English: « A Website and Petition to Defend AFP »

Dernière mise à jour : mai 2018

Vers la fin de 2008 il devenait clair que l’administration conservatrice du Président Nicolas Sarkozy était décidée à modifier de manière radicale le statut de l’AFP, défini par une loi en 1957. Il était carrément question d’une privatisation et les syndicats de l’entreprise envisageaient de lancer une pétition.
Selon les pratiques habituelles à l’époque, une telle initiative aurait pris la forme d’un débat interne, à la faveur d’assemblées générales dans les divers services et bureaux à travers le monde et au siège parisien. Mais il paraissait également clair que ce débat, touchant à l’indépendance des médias dans leur ensemble, concernait un public beaucoup plus grand. En premier lieu, bien entendu, en France, car ce sont les médias français qui se servent le plus des informations fournies par l’AFP et les contribuables français qui paient les sommes fournies par l’Etat, notamment sous la forme d’abonnements.
Puisque le gouvernement qui portait ce projet était de droite, il était également clair qu’on pouvait compter sur le soutien d’une grande partie de l’opposition, et notamment le Parti Socialiste.
Le besoin d’une campagne « grand public » était manifeste, et les syndicats ont commencé à débattre du texte de la pétition. Ce qui était loin d’être simple, car comme c’est souvent le cas en France les syndicats de l’entreprise étaient à la fois nombreux et très divisés. D’autant plus que l’AFP emploie des personnels sous des statuts divers, qui ont souvent leurs propres syndicats…
La plupart d’entre nous souhaitaient un appel qui refuserait purement et simplement tout changement, puisque l’objectif du gouvernement était clairement une privatisation de l’AFP et cette dernière avait fonctionné parfaitement bien depuis plus d’un demi-siècle avec son statut d’origine. D’autres, cependant, notamment au sein du principal syndicat de journalistes, le SNJ, jugeaient qu’il était possible de se saisir du projet pour proposer quelques autres modifications du statut, afin de trouver de nouvelles sources de financement pour l’AFP et également de contrer l’idée, souvent exprimée dans les médias anglo-saxons, selon laquelle l’AFP était tout simplement une agence étatique.

Besoin d’un outil « en ligne »

Il apparaissait également qu’à l’époque d’internet et du Web, toute pétition qui se respectait se devait d’être en ligne. Je savais d’expérience qu’il ne serait pas possible de constituer une équipe pour faire ce travail ; ayant déjà créé quelques sites web pour les syndicats j’ai tout simplement enregistré le nom de domaine « SOS-AFP.ORG » et me suis lancé à l’aide d’outils techniques basiques. J’ai pu y intégrer un module « pétition » grâce à un logiciel libre et au système dit « PHP » ; une capture d’écran de la première page d’accueil, très rudimentaire, se trouve en bas de cette page.
La pétition a décollé très rapidement, avec des signatures qui arrivaient à la fois par le site web et grâce à des sympathisants équipés de copies papier et d’un stylo, comme au bon vieux temps. Parmi nos militants, un ami journaliste avec un carnet d’adresses formidable et un engagement passionné en faveur du projet, Jean-Michel Cadiot, allait récolter une part importante des presque 22.000 signatures recueillies en un peu plus de trois ans, dont beaucoup de personnalités politiques et de célébrités. Chez moi, le travail qui consistait à transférer les signatures du papier vers le site web devenait une véritable petite entreprise familiale.
Par la suite, j’ai entrepris de transférer le site vers un système de gestion professionnel, le Drupal. C’était un travail énorme, qui n’a été terminé qu’après le pic des signatures.
Le rayonnement de notre pétition était freiné par plusieurs facteurs, dont le plus important était le simple fait que beaucoup de gens n’ont qu’une idée très vague de ce qu’est une agence de presse, et ne peuvent donc pas apprécier son importance. Même parmi les personnes qui connaissaient l’AFP et comprenaient sa signification, certains ont refusé de signer selon le principe que l’agence faisait partie de l’establishment et était donc responsable de beaucoup des dérives constatées sur le plan médiatique. Des motivations purement politiques dictaient également le comportement de certains signataires potentiels. La liste des personnalités ayant signé notre pétition comprenait beaucoup de députés et sénateurs socialistes, y compris François Hollande, qui par la suite serait élu à la présidence à la suite de Sarkozy.
Bien avant l’élection présidentielle d’avril 2012, l’initiative à laquelle la pétition s’opposait était déjà morte et enterrée, et un nouveau projet était discuté au parlement. Autrement dit, nous avions gagné, et la pétition avait joué un rôle essentiel dans cette victoire.
A la veille de l’élection, nous avons publié une brève déclaration pour dire que la pétition était « suspendue ». J’ai cependant tenu à conserver son site web, à la fois comme document témoin d’une époque fascinante, et outil potentiel pour l’avenir.

Liens vers le site « SOS-AFP »

  1. Le texte de la pétition
  2. Les principaux signataires

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